Dans ce projet, nous interrogeons les régimes d’attention au travers desquels nous pensons, imaginons, apprenons et agissons dans notre époque marquée par une hyperstimulation informationnelle, que certains chercheurs dont Yves Citton, ont nommé ’économie de l’attention’. Nous observons les modes d’attention qui nous traversent allant de la distraction zappeuse à la concentration méthodique :

Qu’est-ce qui détermine les modes d’attention ? Comment se manifestent-ils ? Comment leurs combinaisons variables se traduisent-elles dans les langages artistiques ?

Le premier cycle - printemps et automne 2024 - se fait autour du corps comme vecteur d’archives. Comment celui-ci capte, sélectionne, intègre, transforme et transmet les informations qui lui parviennent ? Comment les modalités d’émission, réception et traitement des données agissent-elles sur les processus attentionnels ?

Nous abordons ce sujet au cœur d’institutions sociales où vivent des personnes en situation de fragilité mentale, sociale et/ou physique par une série d’ateliers conduisant au dispositif de La Tour à titrer, un outil d’écriture spatiale et de téléportation rudimentaire qui recourt à des talkies-walkies circulant dans l’espace et un traitement de texte projeté sur une surface du lieu - commentaires, descriptions d’espaces, d’interactions, observation de déplacements, rapports de données fictives ou factuelles.

La projection du document en cours d’écriture met à jour les processus d’émission-réception d’informations au travers des changements de rythme d’écriture, des hésitations et erreurs de frappe, des variations de typographies et tailles de lettrages, tandis que la mise en page en direct, sur divers supports et à échelle amplifiée déplace la langue du côté de la matière. Ce système prend la forme d’un terrain de jeu dans une approche mêlant les codes de l’écriture, de la sculpture, de l’enquête et du détournement d’outils numériques.

Lieu d’émission :
/ La Forestière, centre d’accueil pour personnes en situation de handicap

Lors de rencontres parallèles, nous mettons en dialogue des artistes et leurs œuvres avec des chercheurs en Sciences sociales et proposons des workshops en résonance avec le sujet. Ces rencontres ont lieu dans différents lieux de Bruxelles - Centre d’art, Centre chorégraphique, théâtres, ateliers d’artistes, institutions sociales, espaces urbains, murs, jardins, espaces de création et de vie alternatives.

On retrouve le sujet du corps comme vecteur au cœur du travail des intervenants invités. Vidéastes, danseurs, musiciens, chacun·e d’iel compose à partir de documents spécifiques (banques sons / images / documents) qu’iels réactivent pour traduire certaines réalités sociales, politiques, culturelles dans un langage singulier. Ces différents traitements ou ‘métabolisations’ des matières sources interrogent également le rapport entre le corps individuel et le corps collectif.